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Abbaye de La Chalade



Fondée vers 1120, elle a connu une période de grande prospérité jusqu'au XVe siècle.

L'abbatiale du XIIIe siècle, conservée dans son aspect d'origine, fut achevée vers 1340.

Quant aux bâtiments monastiques dont il reste deux ailes en état remarquable, ils furent reconstruits vers 1680. On doit aux moines cisterciens de La Chalade le développement industriel de la vallée : tuileries, briqueteries, verreries, forges, moulins... qui ne disparurent, pour la plupart, qu'au XIXe siècle.

En 1791, la communauté, réduite à dix moines, loua la majeure partie des bâtiments à Bigault de Parfonrut, gentilhomme verrier, qui en obtint la propriété en 1793, lors de la vente des biens du clergé. L'abbatiale redevint église paroissiale, ce qui la sauva de la ruine, son état étant tel, qu'en 1838, le Guide Pittoresque du Voyageur de France fait état d'une église en ruines à La Chalade. Heureusement, en 1851, un curé dynamique, l'abbé Chaput, entreprit sa restauration aux prix de trente années d'efforts et de multiples tracasseries. On lui doit notamment l'intégration, au-dessus du portail Ouest de la magnifique rosace du XVe siècle, échappée de la démolition de l'abbaye Saint Vanne de Verdun.

Victime de sérieux dommages au cours des deux guerres mondiales, l'abbatiale a fait récemment l'objet d'un important programme de restauration.


L'ABBAYE DE LA CHALADE
UNE LONGUE HISTOIRE

En terre d'Empire, mais à quelques mètres du Royaume de France, en bordure du modeste cours d'eau qui servit de frontière entre ces deux états durant des Siècles, l'abbaye de La Chalade [1] est un important monument gothique de l'Est de la France, tant par sa qualité architecturale que par sa date ; et elle a conservé la plus grande partie de ses bâtiments conventuels du XVIIe siècle. Mais sa modestie cistercienne l'a laissée à l'écart des grands courants touristiques. Et la destruction presque totale de ses archives, qui ne facilite pas son étude et oblige à passer beaucoup de temps pour essayer de combler, au moins partiellement, les lacunes de son histoire, explique le petit nombre des travaux qui lui ont été consacrés [2].

L'abbaye a été implantée au coeur de la forêt d'Argonne [3] , dans la vallée de la Biesme, à une centaine de mètres de ce cours d'eau, qui coule alors dans l'axe du massif forestier et qui a été défini depuis longtemps comme marquant des limites entre les diocèses de Châlons-sur-Marne et de Verdun ; entre le royaume de France et l'Empire ; entre les départements de la Marne et de la Meuse ; entre les régions de Champagne-Ardenne et de Lorraine.

La Biesme reçoit sur sa rive droite toute une série de petits affluents ; l'abbaye s'est implantée sur l'un d'eux, le ruisseau de la Chévrie, dont les eaux ont été canalisées et domestiquées par les moines ; le village, né de l'abbaye, profite d'un petit élargissement de la vallée pour s'étendre vers le nord, jusqu'au ruisseau des Sept-Fontaines.

Le site correspond tout à fait à ceux qu'aimaient les cisterciens : un lieu situé loin de l'agitation du monde, dans la forêt, à proximité de l'eau.

Dans le cas présent, ce ne sont pas eux qui l'ont choisi ; mais il convenait à leurs désirs, parce que ceux qui s'y étaient établi les premiers avaient eu les mêmes préoccupations qu'eux.

L'endroit était probablement inhabité lors de l'arrivée des premiers moines. Mais son nom est antérieur à leur venue : en Lorraine et dans l'est de la Champagne, une " chalade ", c'était une montée pierreuse sur un chemin [4], c'est-à-dire une côte. Ce mot fut utilisé comme nom commun au moins jusqu'au XVIIe siècle, puisqu'on le trouve dans le Noël de Ligny-en-Barrois [5], et son sens était encore compris au XIXe siècle [6].

Le lieu s'appelait primitivement " la Chalade de Saint-Rémi ", qui se traduisait en latin " Caladia Sancti Remigii ". Cette dénomination ne se trouve que dans les textes les plus anciens et disparut très vite [7]. Rappelle-t-elle le souvenir de l'ancien propriétaire du lieu, à savoir l'abbaye Saint-Rémi de Reims, qui a eu tant de biens dans la région ? C'est vraisemblable, puisque l'abbé rémois fut l'auteur d'un des rares textes qui utilise cette expression. De plus l'abbaye de Moiremont, en août 1130 [8], puis le chapitre de la cathédrale de Reims, en octobre suivant [9] abandonnèrent tous leurs droits sur l'espace s'étendant entre la Biesme et la Haute-Chevauchée [10]. Or on sait qu'il y a eu des interférences entre les biens de ces deux communautés et ceux de Saint-Rémi de Reims.

La position de l'abbaye, à quelques mètres de la frontière entre le royaume et l'Empire et près de l'endroit où les diocèses de Châlons-sur-Marne, Reims et Verdun se touchent, a provoqué toutes sortes de confusions. L'abbaye en a vraisemblablement joué au mieux de ses intérêts. Au XIIe siècle, elle a en effet reçu plus de dons du côté champenois que du côté lorrain, et fut l'objet d'une particulière générosité de la part des châtelains de Vitry-en-Perthois, comtes de Rethel, qui étaient seigneurs de sainte-Menehould.

La situation juridique de l'abbaye a pu ne pas paraître toujours très claire : elle est dans le diocèse de Verdun, assure Laurent de Liège dès le XIIe siècle [11] ; mais la plus grande partie des biens qui lui seront donnés au XIIe siècle, le seront dans le diocèse de Châlons-sur-Marne ; et c'est dans ce diocèse que la localisera, en 1281, l'official de l'archidiacre de Reims, dans un acte pourtant demandé par l'abbaye elle-même [12].

Les problèmes liés à l'emplacement et aux variations de la frontière entre le royaume de France et l'Empire ont suscité plusieurs études [13]. Nous n'y reviendrons pas, sinon pour ajouter quelques pièces au dossier. La plus importante est l'acte du 22 mars 1441 (n. st.), dans lequel le roi de France reconnaissait que l'abbaye était située hors de fins et mittes [= limites] de notre royaume [14].

La question de la garde de l'abbaye est complexe : le comte de Bar Thibaud Il affirma en 1247 (v. st.) : J'ai an ma garde l'abbaïe de la Chalaide, et les granges, et toutes les appendises de ceil mesmes lieu, et se ne les puis oster de ma garde, ou de mon hoir celui qui enra [= aura] Clermont [15]. Il affirme donc que cette garde dépend du château de Clermont. On est donc en droit de penser qu'il possédait cette garde depuis qu'il détenait ce château, c'est-à-dire depuis que l'évêque Aubéron III (1131-1156) le lui inféoda [16].

Le fait que le comte soit très peu intervenu dans le premier siècle de l'histoire de l'abbaye [17] n'a pas de rapport avec ce droit de garde : il avait l'obligation de défendre l'abbaye, moyennant une rémunération qui n'est pas connue, mais qui n'était habituellement pas négligeable ; il n'était pas pour autant autorisé à intervenir dans le fonctionnement de l'abbaye, ni dans les dons qui lui étaient faits.

Mais, en 1388, Yolande de Flandre, comtesse de Bar, ne revendique plus ce droit de garde pour elle, prétendant seulement que les religieux, abbey et couvent de l 'église de la Chalaide ait esté fondée par nos prédécesseurs contes de Bar [18], ce qui était d'ailleurs inexact.

Qui avait alors ce droit de garde ? Probablement le roi de France, puisque, en 1428, Jean de Varennes, abbé de La Chalade, proclame que, bien que sa dite église soit assise hors du royaume de France, néantmoins d'ancienneté ycelle et son couvent sont en la garde du roy [19] et cette affirmation est reprise par le roi Charles VII qui, en 1441, écrit que combien que la dite abbaye soit située et assise hors les fins et mittes de nostre royaume, [elle est] de long temps en nostre protection et espécial sauvegarde [20].

Depuis quand le roi de France avait-il la garde de l'abbaye de La Chalade ? Ce fut peut-être une conséquence du traité de Bruges imposé par le roi Philippe le Bel au comte Henri III de Bar, le 4 juin 1301. Un des articles de ce document prévoit en effet que le roi gardera tous les biens que le comte avait dans le royaume de France, car ils ont été confisqués pour raison de forfaiture. Mais le cas de Vienne-le-Château est laissé en suspens. Cette localité reviendra au comte se il estoit trovez qu'elle fust de l'éritage de sa mère. Or Vienne était une dépendance du comté de Clermont et provenait des ancêtres paternels du comte, et non de sa mère, fille du roi d'Angleterre. Pourtant Vienne resta au comte. Il y eut donc négociation et on peut supposer que le roi de France obtint alors la garde de La Chalade [21].

LA FONDATION DE L'ABBAYE

Les origines et les premiers temps de l'abbaye de La Chalade sont bien connus par une charte donnée par Aubéron [22] III, évêque de Verdun, depuis longtemps connue, publiée [23] et commentée [24]. Les Gesta episcoporum Virdunensium (écrits par Laurent de Liège, moine de Saint-Vanne de Verdun) confirment les événements relatés par cette charte et apportent quelques renseignements complémentaires, bien que, dans l'ensemble, ils soient moins bien informés et que leurs affirmations doivent être prises avec prudence quand elles ne se trouvent pas aussi dans la charte [25]. C'est pourtant cette chronique qui a été utilisée par tous les auteurs anciens, car c'était la seule source connue par eux [26].

Au commencement étaient deux frères, Robert et Ricuin, qui s'installèrent avec quelques autres personnes au lieu-dit La Chalade-Saint-Rémi. Leur règle ne nous est pas connue, mais on peut supposer qu'il s'agissait de celle de saint Benoît, car Robert était moine de l'abbaye Saint-Vanne de Verdun et, par la suite, il fut nommé abbé de l'abbaye bénédictine de Beaulieu-en-Argonne par Henri de Winchester, évêque de Verdun de 1117 à 1129 [27].

Leur démarche n'a rien d'étonnant, à la fin du XIe siècle ou au début du XIIe, période de foisonnement religieux qui vit beaucoup d'hommes quitter le monde pour aller chercher Dieu dans les monastères. D'autres, épris d'absolu, partirent dans la solitude et devinrent ermites. Certains, enfin, fuirent le monde en groupe pour fonder des communautés, tentant d'inventer de nouvelles formes de vie religieuse. Certains de ces nouveaux établissements ne durèrent que peu de temps, d'autres aboutirent à des formes que l'Église refusa et considéra comme entachées d'hérésie. Mais certains se perpétuèrent, soit en devenant des ordres nouveaux (cisterciens, grandmontains, chartreux, prémontrés, etc.), soit en se rattachant à des formes de vie monastique anciennes ou nouvelles. C'est ainsi que débuta l'abbaye du Reclus [28], qui s'affilia ensuite à l'ordre cistercien. Ponton [29] fut d'abord un ermitage, avant de devenir une " grange " [30] de l'abbaye cistercienne de Hautefontaine [31].

En Argonne, il faut évidemment citer le cas des trois abbayes de Châtrices (Marne), Montiers-en-Argonne (Marne) [32] et Lisle-en-Barrois (Meuse), fondées par un certain Eustache, qui en devint abbé. Elles formaient un embryon d'ordre, mais, peu de temps après la mort du fondateur, les deux dernières devinrent cisterciennes.

Robert et Ricuin voulurent fonder une communauté durable et en communion avec l'Église. Ils obtinrent donc l'accord des seigneurs du lieu, Mathilde, dame de Vienne-le-Château, et son fils Gautier, dit le Neveu. Puis, estimant que ce patronage était insuffisant, ils demandèrent l'aval de l'évêque de Verdun, Henri. Celui-ci le leur accorda de façon solennelle, dans une cérémonie qui eut lieu dans la cathédrale de Verdun. On suivit une procédure féodale pour la donation de la terre où l'abbaye était en cours de constitution : Gautier et sa mère Mathilde remirent cette terre à leur seigneur, Baudoin de Belrain ; celui-ci la rendit à son propre seigneur, le comte Renaud de Bar, agissant ici comme " avoué " de l'évêché de Verdun (c'est-à-dire, dans la terminologie de l'époque, comme responsable du temporel de l'évêché) [33] ; le comte la remit à l'évêque, qui en fit don aux nouveaux moines. Ceci se passa " quelques années avant 1127 ", plus précisément entre 1117 (date du début de l'épiscopat d'Henri) et 1127.

Il n'est pas sans intérêt de remarquer que le don du lieu où l'abbaye était installée fut accompagné de droits d'usage sur tout le terroir d'Aubréville, ce qui permet de savoir que La Chalade, dont le nom n'est même pas cité dans cette charte, avoisinait le terroir de cette paroisse, qui devait s'étendre jusqu'à la Biesme. En effet, les villages du Claon, du Neufour et des Islettes n'existaient pas encore : ils ont été créés bien plus tard, [34] par défrichement de la forêt d'Argonne qui, auparavant, s'étendait sans solution de continuité entre les vallées de l'Aire et de l'Aisne, et formait la frontière entre le royaume de France et l'empire germanique. Les moines s'étaient donc installés au coeur du massif forestier, loin de tout centre habité, comme le faisaient les cisterciens et beaucoup d'autres.

La qualité de la vie religieuse du nouvel établissement et les bonnes relations qu'il entretenait avec le chef du diocèse engagèrent l'évêque Henri à nommer Robert abbé de la très vieille abbaye de Beaulieu-en-Argonne (Meuse).

Son départ priva La Chalade de son dynamisme ; c'est pourquoi son frère Ricuin, qui avait pris la tête de la communauté, se décida à faire entrer son établissement dans la communauté cistercienne, qui était alors en plein développement et apparaissait comme la meilleure voie vers la perfection. Il reçut l'accord de son frère Robert, celui de l'évêque Henri, et proposa son agrégation par l'intermédiaire de l'abbaye de Trois-Fontaines (Marne), fille aînée de Clairvaux. Il vint donc à Trois-Fontaines, avec Gautier, seigneur de Vienne-le-Château, rencontra l'abbé Gui, qui la dirigeait, et le persuada d'envoyer des moines de son abbaye à La Chalade.

Une lettre de saint Bernard, abbé de Clairvaux, adressée à Henri, évêque de Verdun, mentionne cette transformation et demande à l'évêque de la favoriser. [35] C'est ce qu'il fit volontiers. Une date fut fixée ; les deux abbés, Gui de Trois-Fontaines et Robert de Beaulieu rencontrèrent Hugues l'apocrysaire, envoyé par l'évêque Henri, qui n'avait pas pu venir lui-même, et qui avait mission de confirmer canoniquement à Gui la possession du lieu ainsi qu'il en avait été décidé à Verdun. La concession primitive fut même augmentée, puisque fut reconnue à l'abbaye toute l'étendue de la terre comprise entre les deux voies - celle qui conduit à Vienne-la-Ville [36] et celle des Giponnois [37] - et depuis le coudrier qui se trouve en haut de ces deux voies jusqu'au ruisseau appelé la Biesme. Cette remise officielle eut lieu en 1127.

En résumé, il faut distinguer plusieurs périodes dans les premiers temps de l'abbaye :

1) installation, dans un lieu inhabité, de deux frères épris d'absolu, Robert et Ricuin ils sont rejoints par d'autres personnes ;

2) se pose alors à eux le problème de la stabilisation de leur établissement ; ils obtiennent alors, des seigneurs de Vienne-le-Château, le don du lieu où ils vivent ;

3) ils obtiennent l'accord de l'évêque de Verdun, à la fois seigneur temporel et spirituel de ce lieu ; pour cela, on suivit une procédure typique des institutions féodales ;

4) Robert est nommé abbé de Beaulieu-en-Argonne ;

5) Ricuin, ne voulant pas assumer la responsabilité de la direction de l'abbaye, sollicite son agrégation à l'ordre cistercien, en tant que fille de Trois-Fontaines.

Il reste à dater ces étapes :

- le seul indice permettant de dater la première installation est la date de décès de Robert: il vivait encore entre 1132 et 1135 [38] ; il a donc dû naître dans le dernier tiers du XIe siècle, ce qui reporte sa fuite du monde à la fin de ce siècle, ou plus vraisemblablement au début du suivant. Les moines étaient donc déjà ici lorsque, en 1122, Henri, évêque de Verdun, y rencontra le comte Renaud de Bar pour faire la paix avec lui [39]. On doit donc y voir le plus ancien témoignage du rayonnement spirituel de l'abbaye, et la preuve de l'intérêt et de la confiance que lui témoignait l'évêque Henri ;

- la deuxième phase se fait alors que Gautier de Vienne est encore sous la tutelle de sa mère Mahaut ;

- l'accord de l'évêque de Verdun est obtenu au plus tôt en 1117, date à laquelle Henri devient évêque de Verdun, et au plus tard en 1125, puisqu'il y eut plusieurs années entre cet événement et le suivant ;

- Robert devint abbé de Beaulieu au plus tard en 1127 ; il succédait à Aubry, qui exerçait encore sa charge en 1125 [40]  ;

- la remise de La Chalade à l'ordre cistercien eut lieu en 1127. La date officielle de fondation fut fixée au 8 juillet 1127 [41] .

Tout ceci fut confirmé en 1134 [42] par l'évêque Aubéron III, à la demande d'un abbé de La Chalade nommé Hugues.

On prétend depuis longtemps [43] que, dans un premier temps, l'église fut dédiée à saint Sulpice. Cette affirmation trouve son origine dans un passage de Laurent de Liège, qui assure qu'un noble nommé Hervé se joignit aux moines d'une manière admirable : ayant quitté sa femme, son fils unique, le monde et tous ses biens, il se fit attacher une corde au cou et, comme un malfaiteur, il alla de sa maison jusqu'" au lieu-dit Saint-Sulpice ", éloigné de deux milles, faisant l'admiration de tous [44] .

Le chroniqueur n'écrit pas que l'église de La Chalade est dédiée à saint Sulpice il parle du lieu (locum Sancti Sulpicii) Dès lors, comment ne pas voir qu'il s'est trompé de saint, citant Sulpice au lieu de Rémi ? C'est en effet ce dernier qui avait attaché son nom à La Chalade " Caladia Sancti Remigii ", ainsi que nous l'avons vu.

D'ailleurs aucun autre document ne vient confirmer ce vocable inhabituel chez les cisterciens ; bien au contraire, tous les textes conservés disent que l'abbaye était sous le patronage de la Vierge Marie au moins dès 1135 [45] .

AU TEMPS DES CONSTRUCTEURS : DU XIIe AU XIVe SIÈCLE

Il n'est pas dans mon propos d'écrire la totalité de l'histoire de l'abbaye. Celle de la constitution du temporel de l'abbaye au XIIe siècle ayant été écrite par Hubert Collin [46] , je m'attacherai à souligner un certain nombre de points en relation avec la construction, l'entretien et l'utilisation de l'église et des bâtiments conventuels.

Laurent de Liège rapporte que l'abbaye de La Chalade fut consacrée par l'évêque de Verdun Aubéron III, mais sans en fixer la date [47] . Selon la Gallia christiana, ce fut en 1130 [48] . Mais cette date est évidemment fausse, puisque les auteurs de cet ouvrage assurent en même temps que ce fut au temps de l'abbé Hugues, alors que celui-ci n'avait pas encore reçu cette charge en cette année et qu'ils avaient écrit, quelques pages auparavant, qu'Aubéron était devenu évêque de Verdun en 1131 [49]  ! La date de 1130 a toutes les apparences d'une coquille malencontreuse il faut sans doute lire " 1136 ", comme l'avait écrit Edme Baugier [50] , quelques années avant les auteurs de la Gallia, et qui est probablement leur source. Il nous est aujourd'hui impossible de savoir sur quoi repose son affirmation, et donc d'en apprécier la valeur ; l'année 1136 est plausible. Nous l'admettrons donc avec prudence. Si on voulait refuser la précision peut-être illusoire de cette date [51] , il faudrait placer cette consécration entre les années 1131 et 1156, qui limitent la période pendant laquelle Aubéron III fut évêque de Verdun, sachant qu'elle est postérieure à la charte de 1134 qui n'en parle pas.

L'abbaye connut une grande prospérité au XIIe siècle, ainsi que le laisse supposer le grand nombre de donations qu'elle reçut [52] . Laurent de Liège l'affirme, en précisant que, de son temps, il y avait plus de 300 moines. On sait que les chiffres donnés par les auteurs anciens n'ont pas la précision que nous leur donnons ; mais celui-ci témoigne de l'importance de l'abbaye et de la forte impression qu'en ressentit le chroniqueur.

La vitalité de l'abbaye se manifesta aussi par la fondation d'une abbaye-fille : en 1147, les chanoines de la cathédrale de Reims donnèrent à Gontier, abbé de La Chalade, et à ses moines leur domaine de Chéhéry (Ardennes), pour y établir une abbaye de leur ordre [53]. Après avoir veillé sur les premiers temps de la nouvelle abbaye, La Chalade accepta, en 1489, que Chéhéry soit considérée comme une fille de Trois-Fontaines [54].

Hugues Ier, châtelain de Vitry, donna, en 1221, une rente annuelle de 50 sous sur ses tonlieux de Sommevesle (Marne), afin que les messes soient célébrées avec des chandelles de cire, alors que, jusque-là, elles l'étaient avec des chandelles de suif ; il donna en même temps cinq setiers de froment pour confectionner des hosties [55].

Un texte, signalé dès 1905, est resté inconnu des historiens de La Chalade : le 45 mai 1290, le pape Nicolas IV accorda quarante jours d'indulgence à ceux qui visiteraient l'église de l'abbaye de Notre-Dame de La Chalade, sise dans le diocèse de Verdun, aux fêtes de la Vierge : Annonciation, Visitation, Purification et Assomption [56]. Faut-il mettre cette concession en rapport avec des travaux de reconstruction, en cours ou simplement prévus ? C'est évidemment très tentant. Mais je ne crois pas qu'il faille le faire, pour deux raisons : il n'est pas fait mention d'une telle cause dans l'attribution de ces indulgences [57] ; et, le même jour, le pape accorda la même faveur, dans les mêmes termes, à neuf autres abbayes cisterciennes voisines : Chéhéry, Trois-Fontaines, Châtillon, Hautefontaine, Orval, Cheminon, Montiers-en-Argonne, Saint-Dizier et Vitry-en-Perthois [58].

En 1372, Perrin de Vauquois fut enterré près d'un autel où il avait fondé une chapellenie [59].

DE LA GUERRE DE CENT ANS A LA RÉFORME

La guerre de Cent Ans dévasta la Lorraine, bien qu'elle ait été membre du Saint-Empire. Aucun texte n'indique que La Chalade ait été détruite ou pillée [60]  ; mais elle souffrit profondément de la crise violente qui secoua l'économie et la société.

Nous en avons plusieurs témoignages. Lors du chapitre général de l'ordre de Cîteaux, tenu en 1400, l'abbé de La Chalade fit approuver un contrat passé avec un chanoine de Montfaucon, pour la remise en état de vignes à La Neuve-Grange, ruinées depuis près de quarante ans [61].

En 1412, le roi de France Charles VI, préparant une expédition contre les Armagnacs, alors alliés au roi d'Angleterre, demanda à l'abbaye de La Chalade de lui fournir un chariot avec des chevaux. Les moines le supplièrent de les en dispenser, car, d'une part, ils n'y étaient pas tenus par la coutume, et, d'autre part, leur situation ne le leur permettait pas et ils demandèrent au roi de considérer les grans charges qu'ilz ont à supporter, les pertes et dommaiges qu'ilz ont eus par le fait des gens d'armes depuis naguaires et autrement, par quoy ils n'avaient de quoy envoier ne fournir les choses dessus dites [sans] que le divin service ne cessast de tous poins, ou qu'ilz ne demourassent en très grant nécessité.

On pourrait peut-être croire qu'il y avait de leur part un peu d'exagération, car on a du mal à imaginer que la fourniture d'un chariot, même attelé de chevaux, et d'une ou plusieurs personnes pour le conduire puisse les réduire à une telle misère : d'ailleurs si, le 7 mai 1412, le roi les dispensa de cette fourniture, ce fut uniquement parce que la coutume ne permettait pas de la leur imposer [62].

Mais cette situation désastreuse est confirmée par un autre document : le 7 décembre 1440, Gillette de Cheppy. veuve de Nicolas de Nettancourt, en préambule à un acte de donation, explique qu'elle a eu regart, pitié et compassion à la grande et misérable povreté en quoy, par le moyen et oppression des guerres et autrement, [les religieux, abbé et couvent] estoient de piéça cheuz [63].

L'histoire de l'abbaye nous échappe ensuite pendant un siècle. Rien ne permet de savoir si elle eut à souffrir des guerres de religion ou de celles entre Charles-Quint et François Ier : la mention de pillages au milieu du XVIe siècle est en effet une simple erreur d'inattention de Dom Demeaux, qui a écrit 1551 au lieu de 1651 [64].

Les stalles, qui devaient être d'un modèle peu courant, puisque Dom Guyton a noté, à chacun de ses passages, leur particularité, avaient été faites sous l'abbatial de Claude Angenost [65], qui est connu depuis 1541 et mourut le 20 décembre 1562. Elles étaient donc probablement faites dans le style de la Renaissance. Elles furent détruites sous la Révolution, et c'est une perte importante, que nous ne pouvons que regretter.

Par son testament daté du 9 janvier 1607, Christophe de La Vallée, évêque de Toul et abbé commendataire de La Chalade, légua à son abbaye la somme de quatre centz francs... pour estre employé... a l'achapt d'ornementz d'église [les] plus nécessaires à l'église dudict monastère [66]. Ce legs indique sans aucun doute que l'abbaye se trouvait dans une grande pauvreté, puisqu'il voulut non pas embellir le culte divin, mais seulement pallier aux manques les plus flagrants.

L'INTRODUCTION DE LA COMMENDE

La commende ne fut introduite dans l'abbaye de La Chalade qu'assez longtemps après le concordat de 1516, passé entre le pape Léon X et le roi François Ier ; et ceci pour une raison évidente en 1516, l'abbaye de La Chalade ne se trouvait pas dans le royaume ! N'étant pas comprise dans cet accord, elle aurait même dû rester dans la régularité. Mais les rois de France donnèrent toujours à cet accord une portée extensive, quand cela leur était profitable. Dans le cas de La Chalade, les papes cherchèrent à maintenir leurs droits le plus longtemps possible, mais en vain. Il faut bien dire que l'élection prévue par la règle bénédictine ne se pratiquait généralement plus, par la faute du pouvoir pontifical qui avait pris de mauvaises - mais rentables - habitudes : le pape s'était réservé la nomination de tous les titulaires de bénéfices ecclésiastiques, mais il acceptait les permutations et les démissions faites au profit d'un tiers. On imagine les trafics auxquels se livraient les ambitieux, au grand scandale de tous ceux qui rêvaient d'une Église parfaite.

Il n'empêche que les moines de La Chalade eurent à regretter le temps où le pape choisissait les abbés ; car il les prenait habituellement dans des monastères, alors que le roi choisissait plutôt des clercs séculiers, qui avaient une fâcheuse tendance à vouloir faire carrière et à pressurer leur abbaye pour en tirer le maximum d'argent.

La commende fut introduite par étapes. Le dernier abbé qui avait été religieux cistercien fut Claude Lollier, qui avait été choisi, en 1574, parmi les moines de La Chalade [67]. Il résigna, en 1581, en faveur de Nicolas Thomas, religieux de La Chalade. Mais le pape refusa de valider sa nomination et nomma, en 1583, Charles de Vaudémont, dont la famille était une branche cadette de la famille ducale de Lorraine. Bien que trop jeune pour être sacré, il était déjà évêque de Toul, et allait devenir évêque de Verdun en 1585. Le nouvel abbé n'était pas moine, mais, étant frère de Louise de Vaudémont, il se trouvait être beau-frère du roi de France Henri III, qui intervint en sa faveur. Ce fut le premier abbé commendataire, mais, comme il devint cardinal en 1585, les moines du XVIIe siècle crurent qu'il pouvait être compté parmi les réguliers, car, disaient-ils, les cardinaux avaient le droit de posséder une abbaye réputée régulière [68]. Les rois de France ne l'entendirent pas ainsi et surent se souvenir de ce précédent.

Malgré l'opposition de Nicolas Thomas, qui continua à se proclamer abbé de La Chalade, Charles de Vaudémont en prit possession. Après sa mort (1587), Charles Le Pougnant, qui était religieux bénédictin de l'abbaye de Saint-Mihiel, fut nommé à l'abbatiat par le pape. Il résigna en faveur de Christophe de La Vallée, évêque de Toul, moyennant le payement d'une pension annuelle de 1350 francs barrois ; le pape accorda ses bulles au nouvel abbé, le 20 février 1597.

Christophe de La Vallée mourut en 1607. Le pape nomma alors François de Livron de Bourbonne, le 26 décembre 1607, malgré les protestations du roi Henri IV, qui considérait que l'abbaye était tombée en commende [69]. Et on comprend qu'il ait pu le croire, en raison de l'histoire récente de l'abbaye.

Ce fut le dernier abbé que nomma le pape. En effet, quand il mourut, le 15 novembre 1647, les moines élirent Placide Petit : celui-ci ayant été nommé abbé de L'Étoile (en Poitou) par le roi, ils élirent Benoît Lavandier, religieux de Clairvaux. En même temps le pape nommait Louis de La Rivière, tandis que le roi Louis XIV accordait le titre abbatial à Gilbert de Clérembault de Palluau. Trois personnes se disputaient donc la charge d'abbé de La Chalade. Ce fut le candidat du roi qui en prit possession, pour la simple raison que les troupes françaises occupaient la Lorraine [70]. Le pape refusa de reconnaître cet abbé, puis ses successeurs jusque 1718, bien que tous aient été nommés par le roi ; mais cela ne les empêcha pas de jouir des revenus de l'abbaye.

LES ACCORDS AVEC LES ABBÉS COMMENDATAIRES

Il nous faut revenir un peu en arrière, pour comprendre les circonstances qui entourent la reconstruction de l'abbaye.

La séparation entre la mense des moines et celle de l'abbé se fit tardivement. Tant que les abbés furent des réguliers, cela ne semble pas avoir posé trop de problèmes. Mais la séparation des menses devint indispensable à partir du moment où l'abbé ne fut plus un religieux, car il ne versait aux moines que le minimum leur permettant de vivre et ne réparait pas les bâtiments. Ce fut une source de difficultés et de procès qui durèrent plus d'un siècle. Il nous faut exposer les méandres de cette affaire, car ils nous permettent de comprendre les raisons et les conditions des travaux de reconstruction des bâtiments conventuels et du logis de l'abbé.

Il fallut trente ans à François de Livron de Bourbonne pour accepter un partage des biens : en 1637, il accorda aux religieux les revenus provenant du tiers des biens fonciers. Puis, par arrêt du parlement de Metz, daté du 19 décembre 1646, les biens furent divisés en trois lots : l'un pour l'abbé, le deuxième pour les moines et le dernier pour l'entretien des bâtiments. On revint très vite sur le partage, sans remettre en cause son principe ; et le même parlement ratifia, les 30 et 31 juillet 1647, une nouvelle répartition des biens. L'abbé accepta de laisser aux moines la gestion du troisième lot, à charge pour eux de reconstruire les bâtiments conventuels et de lui verser une rente annuelle de 800 livres. Mais il mourut le 15 novembre suivant.

Son successeur, Gilbert de Clérembault de Palluau, fit saisir ce troisième lot, en 1654, après avoir mis la main sur les titres, en 1653. Les religieux l'assignèrent alors devant le parlement de Metz, puis devant celui de Paris, car il refusait de faire les réparations pourtant attachées au troisième lot. Un premier arrêt provisoire accordait aux moines une provision de 1 500 livres (15 mars 1661). Puis le Parlement trancha, en répartissant le troisième lot entre les deux parties celle des moines restait chargée des réparations et celle de l'abbé était grevée de diverses charges : payement des décimes ecclésiastiques [71], de la pension du moine laïc [72] et de celle du maître d'école de Sainte-Menehould [73]. Et l'abbé avait l'obligation de remettre toutes les archives dans le trésor.

Par transaction du 5 mai 1679, l'abbé acceptait de rendre les archives ; il acceptait aussi que les moines rasent le logis abbatial, qui les gênait, et le reconstruisent ailleurs. Il mourut en 1680, alors que cette démolition venait d'être entreprise.

Son successeur, Adrien de Guittoneau, entra immédiatement en procès contre les moines, tant à cause de la destruction de la maison abbatiale que pour obtenir un nouveau partage des biens [74]. Celui-ci fut fait le 22 décembre 1682 [75] ; et l'abbé mourut le 15 janvier 1683.

Il fut remplacé par Nicolas Chéron, qui voulut jouir de deux des trois lots. Et qui obtint un arrêt du Conseil, le 3 janvier 1686, qui l'autorisait à se saisir du lot contesté. Les moines finirent par accepter (19 août 1686 et 27 février 1687) de n'avoir qu'un seul lot et de se charger quand même de toutes les réparations de l'église, de celles des bâtiments conventuels, de la construction d'un nouveau clocher et de celle du logis abbatial !

Durant la courte période où ils ont joui d'une partie du troisième lot, les moines ont réussi à reconstruire la totalité des bâtiments conventuels. L'argent nécessaire aux travaux provint de la coupe et de la vente des arbres de leurs bois, mais aussi d'emprunts ; le visiteur de 1686 nota même que les moines s'étaient lourdement endettés pour mener à bien leurs travaux [76].

La reconstruction de leur abbaye explique qu'ils aient accepté cet accord, ce qui paraît inexplicable, à première vue, tellement il semble aller à l'encontre de leurs intérêts. L'entretien de ces bâtiments neufs devait paraître peu coûteux et supportable pour leurs revenus, suffisamment, du moins, par rapport au bienfait que représentait la paix avec leur abbé [77]. Le nom du prieur en charge durant cette période des travaux nous a été conservé c'était Dom Lhommedieu, au nom prédestiné [78].

Après la mort de l'abbé Nicolas Chéron (16 janvier 1692), vint Louis de Vassinhac d'Imécourt, qui fit condamner les religieux à reconstruire le clocher (3 octobre 1692), ce qu'ils firent en 1695, tout en plaidant contre la transaction de 1686.

Le 30 septembre 1702, ils transigèrent avec leur abbé : celui-ci accepta de leur verser une rente annuelle de 1 000 livres. Ils firent reconstruire le logis abbatial en 1706 et 1707. Puis il y eut un nouveau partage des biens, homologué le 9 septembre 1711. L'abbé mourut en décembre 1716.

Il fut remplacé par Eustache Le Danois de Geoffreville de Ronchères. Les moines plaidèrent contre lui pour obtenir qu'il participe à la réfection de deux gros piliers de l'église qui menaçaient ruine. Ces piliers sont sans doute des contreforts, car c'est ainsi qu'on les appelait au XVIIIe siècle. L'abbé accepta de verser 700 livres en 1724. Puis les religieux engagèrent un procès au receveur qui gérait les biens de l'abbé, car il ne versait pas la rente de 1 000 livres qu'il devait leur payer. Une transaction termina cette affaire en 1730.

En 1738, les religieux firent faire une coupe de bois pour faire des travaux importants dans les bâtiments conventuels, ce qui provoqua un nouveau procès avec leur abbé, terminé par un accord, le 15 octobre 1748, homologué le 30 décembre 1749.

La seconde moitié du XVIIIe siècle fut beaucoup plus calme, mais cette succession de procès montre bien que les abbés commendataires n'avaient aucun souci religieux : leur seul désir était de recevoir le plus d'argent possible. D'ailleurs, ils ne résidaient pas à La Chalade. Il est même vraisemblable que certains d'entre eux n'y sont jamais venus. Où auraient-ils habité entre 1680 et 1707, alors qu'il n'y avait pas même une maison pour les abriter ? Et nous savons que, lorsque celle-ci existait, elle était habitée par le receveur ou par un fermier [79].

LA RECONSTRUCTION DES BATIMENTS CONVENTUELS

Les religieux, secoués par les soubresauts des XIVe, XVe et XVIe siècles, avaient fini par prendre quelques libertés avec la règle cistercienne. Nous en citerons pour preuve une remarque faite par Claude Lemaistre, abbé de Châtillon, qui visita La Chalade en 1670 : il signala l'existence d'un bâtiment indépendant, appelé " Le Pavillon ", qu'avait fait construire un moine " antérieur à la Réforme ". Ce moine avait donc conservé ses biens propres et vivait à l'écart de la communauté, ce qui témoigne d'un certain laxisme dans l'application de la règle bénédictine.

A une époque plus ancienne, le laxisme avait été encore bien plus grand, puisqu'un moine avait pu amener au dortoir des femmes " suspectes " et que, de l'une d'elles, il avait eu une descendance ! Mais il se repentit et obtint son pardon en 1492 [80].

Il était devenu urgent de retourner à une interprétation plus stricte. C'est pourquoi le cardinal de Richelieu fit réformer l'abbaye de La Chalade, comme d'ailleurs bien d'autres en France. Les religieux de la stricte observance furent introduits le 30 mars 1637 [81]. En l'absence de documents contraires, il est normal de penser qu'elle fut introduite comme cela se faisait partout : les anciens moines restaient sur place, ayant le choix entre s'intégrer à la nouvelle communauté ou continuer à vivre comme ils le faisaient auparavant. Ceux qui prenaient ce parti ne recrutaient plus de nouveaux membres. Les revenus étaient partagés entre les deux communautés, jusqu'à extinction naturelle de l'ancienne.

La réforme de la vie des moines imposait une remise en état des bâtiments monastiques, afin de pouvoir mener une vie communautaire, ce qui devait être devenu difficile, si on en juge par les descriptions qui nous sont parvenues.

Dans ce qui nous reste des archives de La Chalade, il ne subsiste rien qui concerne la reconstruction de l'abbaye ; nous pouvons y suppléer partiellement en comparant les diverses descriptions de l'abbaye, qui permettent de déterminer les dates approximatives de construction [82].

Logis abbatial

- 5 mai 1679 : accord pour son transfert ;

- 1680 : démolition ;

- 1706 : reconstruction un peu à l'ouest de l'église ;

- 1707 : réception des travaux.

Bâtiments conventuels

Cloître: en 1670, l'ancien cloître existe encore ; en 1686, le nouveau cloître n'est encore ni voûté, ni pavé, ce qui indique que les travaux du gros oeuvre sont très récents ; par la documentation concernant les démêlés des moines et de leurs abbés commendataires, nous savons que les moines ont eu la jouissance des biens contenus dans le lot chargé des réparations et de la reconstruction des bâtiments à partir de 1679 ; c'est évidemment après cette date que les travaux ont commencé. Cette déduction est confirmée par le fait que les moines acceptèrent de ne plus en jouir dès l'achèvement des travaux (accord du 27 février 1687).

Aile orientale : pas encore commencé en 1670, ce corps de bâtiment est dit tout à neuf en 1686 ; et le visiteur ajoute qu'une partie des lambris a été achevée l'année dernière. Cette remarque conforte l'idée que les travaux ont débuté après 1679. La distribution intérieure du dortoir fut modifiée et les fenêtres agrandies en 1738 [83].

Aile sud: pas encore commencée en 1670 ; en 1686, on dit que ce bâtiment est tout à neuf et n'est pas encore achevé; il l'est en 1692.

Aile occidentale : c'est elle que Dom de La Hupproye désigne, en 1692, sous l'appellation : le corps du logis du devant, qui avait été construit entre le 28 avril 1686 et le 13 novembre 1692 [84].

La première aile reconstruite fut donc celle qui regarde l'orient ; c'est elle en effet qui contenait les locaux les plus utiles pour la vie monastique : le dortoir (ou plus exactement les chambres des moines), la cuisine, le réfectoire et peut-être la salle capitulaire.

L'ABBAYE AUX XVIIe ET XVIIIe SIECLES

Après avoir vu les problèmes juridiques qui se posèrent à l'abbaye, il nous faut revenir aux divers événements en rapport direct avec la vie des moines et les bâtiments.

En 1644, le pape Innocent X permit l'érection d'un autel et d'une confrérie du Rosaire [85]. L'introduction de cette dévotion, alors en plein essor, montre que les moines de la Stricte Observance se préoccupaient de la vie religieuse des habitants de La Chalade, dont la paroisse se réunissait dans leur église et dont l'un d'eux était curé.

L'abbaye fut pillée trois fois en 1650 : en octobre, par les troupes du maréchal de Praslin ; en novembre, par celles du général Roses ; en décembre, par l'armée du maréchal de Turenne. L'année suivante fut presque aussi désastreuse, puisque l'abbaye y fut pillée deux fois en janvier, par le régiment de Corval, qui faisait partie de l'armée du général Roses, et, en novembre, par les troupes du marquis de La Ferté-Sénectère [86]. Pendant ces troubles, les religieux s'étaient réfugiés à Vienne-le-Château, tandis que les archives avaient été mises à l'abri à Châlons-sur-Marne.

Si l'on en croyait certains auteurs, ce serait pendant l'un de ces pillages que " les deux flèches qui flanquaient le grand portail furent incendiées et effondrèrent, en s'écroulant, trois travées de la nef ". Lemoine est le premier à l'affirmer [87] ; mais, si il est généralement bien informé, il lui arrive de commettre des erreurs. Dans le cas présent, le silence total des sources contemporaines sur un tel désastre et sur les travaux qui auraient dû s'ensuivre obligatoirement ne permet pas d'ajouter foi à son affirmation. En particulier, le moine qui décrivit l'abbaye et ses biens, en 1654, assure qu'on ne sait pas si la nef a jamais été achevée ou si elle a été ruinée [88]. On admettra qu'il est tout à fait invraisemblable que ce moine ignore un événement aussi important qui se serait passé quatre ans plus tôt.

D'ailleurs, en 1645, cinq ans avant la prétendue destruction, un moine anonyme décrivait déjà l'église dans sa forme actuelle. Son texte est difficile à comprendre pour nos contemporains, car il comprend l'église d'un point de vue liturgique : pour lui, la nef est la partie qui est à l'ouest du choeur des moines. Son texte est donc précieux, car c'est le premier à nous faire connaître l'étendue de ce dernier : il occupait trois travées de voûtes : la croisée du transept et les deux travées de nef [89].

De plus, comme l'a fait remarquer Hubert Collin, la présence de deux tours en façade serait tout à fait anormale chez les cisterciens [90]. On aurait une preuve incontestable de leur non-existence si le trou de cloche placé à la croisée du transept remontait bien aux origines de l'église malheureusement, dans son état actuel, il est entièrement moderne et les végétaux qui l'ornent ne ressemblent à rien d'autre dans l'édifice. Quoiqu'il en soit, on ne peut croire ni à ces deux tours, qui ne sont pas attestées anciennement, ni à l'incendie de 1650, qui ne s'est jamais produit et ceci met en cause la mention des trois travées détruites.

Des travaux d'aménagement eurent lieu vers 1686, date à laquelle Dom de La Hupproye nota que le sol de l'église venait d'être exhaussé d'environ deux pieds (une soixantaine de centimètres) et pavé de carreaux hexagonaux. Il remarqua aussi que l'église était " assez proprement ornée ", ce qui signifie que son mobilier (autels, etc.) avait été rénové ou remis en état [91]. Mais des travaux de gros oeuvre restaient à faire : la première arcade de la nef du côté sud était étayée, de même que le mur du collatéral voisin. Le mur servant de façade occidentale, que Dom de La Hupproye situe au "septentrion ", selon un usage dont on a d'autres exemples, menaçait ruine, car ses fondations étaient insuffisantes : la partie supérieure se déversait, il y avait des fissures que les moines avaient fait boucher pour éviter que la pluie n'y rentre. Ils avaient aussi fait réparer les deux contreforts de cette façade et fait édifier un contrefort provisoire pour la maintenir. Le pignon du bras sud, contigu au dortoir, était en mauvais état. Enfin la flèche qui surmontait la croisée du transept menaçait de s'écrouler, car son poinçon central était pourri [92].

En 1687, le pape Innocent XI accorda une indulgence à tous les fidèles qui visiteraient, douze fois par an, sept autels de l'église de La Chalade. Mais, comme il n'y avait pas tant d'autels dans l'église [93], les moines obtinrent du pape que cette indulgence soit appliquée à ceux qui viendraient visiter l'autel de Saint-Sébastien [94]. C'est le seul vocable d'autel que nous connaissions pour la période antérieure à la Révolution [95]. Et il n'est pas sans intérêt de remarquer que cet autel était celui de la paroisse, sur laquelle nous allons revenir.

Les religieux firent reconstruire le clocher en 1695, ayant été condamnés à le faire à la suite d'un procès intenté par leur abbé. Au lieu de la flèche très aiguë qu'avait vue le visiteur de 1670, ils firent faire une petite flèche couronnée d'un dôme.

Parce que " deux gros piliers (c'est-à-dire deux contreforts) de l'église menaçoient ruine ", les moines obtinrent du Parlement la condamnation de leur abbé en 1723. Aussi celui-ci accepta-t-il de payer les réparations l'année suivante [96]. Il s'agit probablement des piliers de la façade occidentale, qui étaient déjà en mauvais état quarante ans plus tôt. Le dessin de l'abbaye exécuté en 1768 montre que l'ensemble de la façade fut reconstruit vers cette date.

Les derniers travaux exécutés par les moines sont ceux que Dom Guyton vit en 1744 malheureusement, Il n'en précise pas l'étendue.

LA FIN DE L'ABBAYE

Comme tous les établissements religieux de France, l'abbaye de La Chalade fut supprimée par la Révolution française. La date exacte de la dispersion des moines n'est pas connue ; mais les principales étapes en sont attestées par les archives. Ils étaient encore présents dans l'abbaye le 10 février 1790, puisque, à cette date, ils faisaient déclaration des revenus de leur mense conventuelle [97]. La liquidation et la vente étaient proches. Le 21 mai, on fit, en présence du maire de La Chalade, un récolement du mobilier ; celui-ci fut enlevé le 7 octobre et vendu le 29 novembre. Les religieux demandèrent à quitter l'abbaye, pour vivre en leur particulier, le 8 novembre. Les archives furent envoyées à Bar-le-Duc, le 30 décembre [98].

Les bâtiments du couvent, avec toutes leurs dépendances, furent adjugés, le 18 avril 1791, à Jean-Marie de Parfonru, maître de verreries demeurant au Four-de-Paris [99]. Le contrat imposait un certain nombre de clauses consécutives à la mitoyenneté avec l'église, qui devenait propriété communale. La porte qui mettait en communication l'aile orientale du cloître et le bas-côté sud de l'église devait être murée des dispositions particulières devaient être prises pour accéder à l'horloge et aux charpentes. Il était interdit à l'acquéreur de détruire l'aile nord du cloître, car elle contrebutait l'église. Le directoire du district de Clermont se réservait le droit de déterminer lui-même certaines limites de propriétés ; c'est en fonction de cette clause que le préfet de la Meuse décida, le 18 octobre 1822, d'annexer à la parcelle cadastrale contenant l'église certaines parties de l'ancien clos des moines [100].

LA PAROISSE AVANT 1790

Le 19 germinal an 11(8 avril 1794), la municipalité fit faire un inventaire des objets encore contenus dans l'église. On y apprend qu'il y avait un autel en marbre (le maître-autel) et deux en bois [101] (il y en avait cinq en tout, en 1654), une seule cloche, servant à l'horloge publique (il y en avait quatre le 10 février 1790). On y précisait que " les bancs ne devaient pas être compris dans le présent inventaire, attendu qu'ils appartiennent aux propriétaires qui les ont fait construire à leurs frais et deniers, n'y aïant jamais eu de fabrique dans la commune de La Chalade " [102]. La mention de l'absence de fabrique explique pourquoi un moine assurait le service paroissial auprès des habitants : la paroisse n'avait pas d'existence propre, du point de vue juridique.

L'histoire de la paroisse est encore plus mal connue que celle de l'abbaye. D'après l'abbé Robinet, elle fut annexe de Boureuilles jusqu'en 1705. A cette date, elle fut érigée en cure régulière [103], c'est-à-dire desservie par un moine, que la terminologie de l'époque appelait un " régulier ". Un mémoire manuscrit rédigé vers 1771, et qui provient de l'évêché de Verdun, mentionne que, en 1723, les moines refusèrent l'entrée de l'église à Charles-François d'Hallencourt, évêque de Verdun [104]. Il s'ensuivit un conflit larvé, qui se termina par un accord en 1758, suivi d'un second vers 1771.

Tout ceci permet de reconstituer l'histoire des origines de la paroisse : les premiers moines s'étaient établis en un lieu désert de la paroisse de Boureuilles. Peu à peu, des laïcs vinrent habiter près d'eux, sur leur propriété et dans leur dépendance [105]. Leur qualité de " familiers " de l'abbaye permit aux habitants de La Chalade d'obtenir le droit d'assister aux offices des moines. La distance entre les habitations et l'église paroissiale (7 km à vol d'oiseau) les incita à obtenir que tous les actes paroissiaux leur soient accordés par les religieux. L'un de ceux-ci fut chargé de s'occuper d'eux. Et c'est ce qui explique que les moines n'aient pas reconnu l'autorité de l'évêque de Verdun

Comme nous allons le voir, les habitants avaient leurs propres offices, à l'autel Saint-Sébastien, situé dans une des chapelles du bras nord ; ils se réunissaient devant cet autel, dans le bras, son collatéral occidental et le bas-côté de la nef.

Tout ceci explique certaines particularités de l'église abbatiale de La Chalade.

Source : extrait ds travaux de Jean-Pierre RAVAUX Conservateur en Chef des Musées de Châlons-en-Champagne

[1] Commune de Lachalade, canton de Clermont-en-Argonne, arrondissement de Verdun (Meuse). Il m'est agréable de remercier tous ceux grâce à qui ce travail a pu être mené à bien en particulier Mme et M. Challan-Belval, propriétaires de la partie de l'abbaye qui jouxte l'église, qui ont bien voulu me faire visiter les parties qui m'intéressaient et m'ont montré des choses dont je ne soupçonnais pas l'existence ; M. Gilbert Destrez, président des Amis de l'église abbatiale de Lachalade ; M. Théron, maire de Lachalade ; M. François Jannin et tous ceux qui ont facilité mes recherches, en particulier aux Archives de la Meuse et au service régional de l'inventaire.
[2] L'essentiel de la bibliographie et des références aux sources a été donné par Dom. H. COTTINEAU, Répertoire topo-bibliographique des abbayes et prieurés, 3 vol., Mâcon, 1939, et a été repris et complété par J.-M. CANIVEZ, Notice dans le Dictionnaire d'histoire et de géographie ecclésiastique, t. 12, Paris, 1950, col. 266, puis par Hubert COLLIN, " Les débuts d'une fondation cistercienne en Argonne : l'abbaye et l'abbatiale de La Chalade au diocèse de Verdun ", Le Pays lorrain, 1978, p. 121-132. Il faut y ajouter les articles parus depuis cette date.
[3] Avant de désigner une région naturelle, le nom d'Argonne fut d'abord appliqué à la forêt, prolongement vers le sud de celle d'Ardenne.
[4] Roland BLONDIN, " Sur les continuateurs du lat. vulg. ca(l)lata dans le lexique et la toponymie de la Galloromania ", Revue de linguistique romane, t. 14, 1980, p. 164-172.
[5] J'croïeue qu'çatint dos brancas. Qu'davalint de d'cheur los chalaides. Pa Chartê et pa Hervâ. Je croyais que c'étaient des chariots qui descendaient les côtes, par Chartel et par Herval.] Texte publié et traduit par E. FOURIER DE BACOURT, " L' "Affileil" raquo;, ancien Noë1 patois de Ligny-en-Barrois. dans Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de Bar-le-Duc, 1893, p. 225-241.
[6] Abbé N. ROBINET, Pouillé du diocèse de Verdun, t. 1, Verdun, 1888, p. 733, n. 2. FOURIER DE BACOURT, op. cit.
[7] L'expression est utilisée par l'évêque de Verdun Aubéron en 1134 (Gallia christiana, t. XIII Instrumenta, Paris, 1874, col. 568, n° 21) et par l'abbé de Saint-Rémi de Reims en 1135 (Bibliothèque nationale, Collection de Champagne, t. 5, f° 95). Pour la date de la charte de 1134, voir note 42. Pour le nom de l'évêque, voir note 22.
[8] B.N., Coll. Champagne, t. 5, f° 67.
[9] Ibidem, f° 68 v°.
[10] Il s'agit bien de la Haute-Chevauchée qui se trouve dans le département de la Meuse et non de celle de la Marne, car l'abbaye de Moiremont abandonna en même temps ses droits sur Abancourt (commune de Lachalade).
[11] Voir note 25.
[12] B.N., Coll. Champagne, t. 5, f° 82 v°, n° 143.
[13] Julien HAVET, " La frontière d'Empire dans 1'Argonne, enquête faite par ordre de Rodolphe de Habsbourg à Verdun en mai 1288 ", Bibliothèque de l'Ecole des chartes, 1881, p. 383-428. H.STEIN, L. LE GRAND, La Frontière d'Argonne (843 - 1659). Procès de Claude de La Vallée (1535-1561), Paris, 1905. Ch. AIMOND. Les Relations de la France et du Verdunois de 1270 à 1552, Paris, 1910.
[14] Archives de Condé, Musée de Chantilly, E 8. Voir, dans le même sens, l'affirmation de l'abbé Jean de Varennes, en 1428, citée ci-dessous (Ibidem). L'argumentation de Nicolas Boucherat et du procureur du roi, considérée comme perdue, est conservée sous la même cote.
[15] Charte du 2 avril 1247 ou 1248, publiée par A. LESORT. Les Chartes du Clermontois conservées au musée Condé à Chantilly (1069-1352) Paris, 1904, p.96, n° 31.
[16] Aubry de Trois-Fontaines relate, sous 1'année 1131, l'accession au siège de Verdun de l'évêque Aubéron ; il résume, en une courte notice, ses démêlés avec Renaud de Bar et termine : Postea fecit pacem episcopus cum comite Barri pro quadam summa, et dedit ei feodum Clarimontis, et feodum de Hans et de Vienna (" Chronique d'Aubry de Trois-Fontaines ", Monumenta Germaniae historia, Scriptores, t. 23, Hanovre. 1874. p.830). L'accord a parfois été daté de 1131, alors que le chroniqueur le place après cette année-là. Les auteurs de la Gallia Christiana ont certainement fait le même raisonnement que moi, quand ils affirment que le comte possédait la garde de l'abbaye dès 1183. Ils s'appuient évidemment sur la charte par laquelle le comte Henri 1er confirma, en tant que suzerain, une donation faite par Raoul de Clermont (B.N., Coll. Champagne, t 5, f° 79, n° 91). Hubert Collin. ( op. Cit., p.126) date l'acquisition de cette garde vers 1175-1183, sans donner de justification.
[17] On ne le voit intervenir que deux fois au XIIe siècle (en 1133-1134) (BN., Coll. Champagne, t. 5, n° 81) et en 1183 (Ibidem, n° 91).
[18] Chantilly, E8.
[19] Supplique du 10 novembre 1428 (Ibidem).
[20] Acte du 22 mars 1441 (n. st.) (Ibidem).
[21] Le texte du traité n'a jamais été intégralement publié. J'ai utilisé la copie qui se trouve dans le cartulaire de Bar (B.N., ms fr. 11 853, f° 8).
[22] J'utilise la forme française de son nom, celle qu'utilisaient ses contemporains. Mais parce qu'en latin son nom s'écrivait " Adalbero ", certains auteurs traduisent par " Adalbéron ". Pour être logiques avec eux-mêmes, ils devraient traduire " Petrus " par " Pètre "et non par " Pierre ".
[23] L'original n'existe plus. Il en subsiste trois copies : celle de la Gallia christiana (op. cit.), celle copiée en 1785 sur le cartulaire (B.N., Coll. Moreau, t.55, n°79) et celle de Chantilly (E 8). Ces copies ne différent que par d'infimes détails.
[24] Elle a été traduite et commentée en dernier lieu par H. COLLIN, op. cit., p. 121-123.
[25] LAURENT DE LIÈGE, " Gesta episcoporum Virdunensium et abbatum Sancti Vitoni ", Monumenta Germaniae historica, Scriptores, t. 10, Hanovre, 1852, p. 506. Republié par l'abbé J.-P. MIGNE, Patrologiae latinae cursus completus..., t. 204, col. 966.
[26] Richard de WASSEBOURG, Antiquitez de la Gaule belgique, 1549, f° 299 v°. Gaspar JONGELINCX, Notitia abbatiarum ordinis cisterciensis. Lorraine, Cologne, 1640. R.P. Angelus MANRIQUE, Annales cisterciennes, Lyon, 1642. t. 1, p. 191. Pierre LE NAIN, Essai de l'histoire de l'ordre de Citeaux, t. 9, Paris, 1697, p. 263-264.
[27] Henri, accusé de simonie, de débauche et de dissipation des biens de I'Église, alla à Rome pour se justifier. Le pape demanda à son légat en France de régler cette affaire. Henri fut donc convoqué au concile de Châlons-sur-Marne, le 2 février 1129. Sur les conseils de Saint Bernard, il accepta de démissionner.
[28] Ancien diocèse de Troyes aujourd'hui, commune de Talus-Saint-Prix, Marne.
[29] Diocèse de Châlons-sur-Marne ; commune de Sainte-Marie-du-Lac, Marne (son emplacement est noyé sous le lac du Der).
[30] Dans l'ordre cistercien, une " grange " était une exploitation agricole où travaillaient et vivaient en permanence des moines. C'est l'équivalent de certains prieurés bénédictins.
[31] Commune d'Ambrières, Marne. Remarquable ensemble de bâtiments du XIIe au XVIIIe siècle, en cours de destruction grâce à l'obstination de leur propriétaire.
[32] Commune de Possesse, Marne. Il reste l'un des bâtiments monastiques.
[33] Cette hypothèse a été émise par l'abbé Robinet (op. cit., p. 737) et reprise par H. Collin (Op. cit., p. 122). Elle n'est pas contestable.
[34] F. Liénard (Dictionnaire topographique de la Meuse, Paris, 1872) ne cite pas de texte les concernant avant le XVIe siècle.
[35] J.-P. MIGNE, op. cit. t. 182, col. 168-169, " Epistola 64 ".
[36] C'est l'ancienne voie romaine de Reims à Verdun. Une charte de Thibaud II comte de Bar, écrite en français et datée de juillet 1264, donne les noms français de ces limites, que l'acte de 1134 donne en latin ; cette voie y est appelée : li granz chemin levez qui s'an va a Viayne (André LESORT, op. cit., p. 114, n° 49).
[37] La charte de 1134, qui est écrite en latin, dit : via Gibborum, ce que H. Collin (op. cit., p. 123) traduit par voie des bosses, ce qui est bien le sens de ces mots en latin classique. Mais ce nom était, en réalité, une mauvaise latinisation du mot français des Gipponois, dont j'ignore le sens exact. Il semble que le scribe du XIIe siècle l'ait, lui aussi, ignoré. car il paraît difficile de le faire dériver du mot latin gibbus, même Si son génitif pluriel a une consonance proche de Gipponois. Le mot français est donné par la charte de juillet 1264, citée à la note précédente, et aussi par Dom Demeaux, en 1756, dans l'inventaire du chartrier de l'abbaye de Lachalade (A.D. Meuse, 11 F 78, p. 1). Cette voie se trouvait à proximité de la limite septentrionale du terroir actuel de Lachalade, de la même manière que la voie de Vienne est proche de la limite méridionale. Son nom ne se trouve plus dans la toponymie actuelle (carte au 1/25 000 ; cadastre), à moins qu'il ne soit conservé sous la forme très modifiée de " chemin de la Gépine ", qui longe le ruisseau des Sept-Fontaines, au nord du village de Lachalade.
[38] A.D. Marne, 56 H 980. Publication par E. de BARTHÉLEMY, Notice historique et archéologique sur les communes du canton de Ville-sur- Tourbe, Paris, 1865, p. 254. Curieusement cette publication est meilleure que celle de G. ROBERT (" Le prieuré de Saint-Thomas-en-Argonne ". Nouvelle revue de Champagne de Brie. t. 14, 1936, p. 254), qui est défigurée par l'omission de plusieurs mots.
[39] LAURENT DE LIÈGE. op. cit. p. 506. Frédéric. comte de Toul et de Dampierre-le-Château. et Henri, comte de Grandpré, servirent de médiateurs entre les parties.
[40] Gallia christiana, op. cit., col. 1 266.
[41] Gaspar JONGELINCX. op. cit., p. I. - L. JANAUSCHEK, originum cisterciensium, t. 1. Vindobonae, 1877. p. 14, n° XXX.
[42] Cette charte n'est pas datée ; mais la chronologie des témoins permet de proposer cette date : en effet, parmi eux, figure Guillaume, doyen de la cathédrale de Verdun, dont le prédécesseur, nommé Martin, vivait encore en 1133 (Jean-Pol EVRARD, Les Actes des évêques de Verdun, thèse de IIIe cycle, Nancy, et Hugues, abbé de La Chalade, qui était remplacé dès 1135 (charte pour l'abbaye de Saint-Rémi de Reims, A.D. Marne, 56 H 980, dans laquelle figure Robert, abbé de Beaulieu, lui-même remplacé dès 1136).
[43] C'est probablement Pierre Le Nain (op. cit., p. 263) qui a émis le premier cette affirmation, sans citer sa source. Elle fut reprise par presque tous les auteurs postérieurs, qui ne citent pas plus de référence ; par exemple : E. BAUGIER, Mémoires historiques de la province de Champagne, t. 2, Châlons, 1721. p. 183 à 185. Cependant Angelus Manrique (op. cit., p. 191) et Gaspar Jongelincx (op. cit., p. 1) n'en disent rien.
[44] Ayant résumé l'histoire des origines de La Chalade, Laurent de Liège (op. Cit., col. 966) rapporte que Gautier le Neveu, qui possédait La Chalade, la donna à Gui, abbé de Trois-Fontaines, avec l'accord de l'évêque Henri, et maximo Herveo viro nobili hoc totum innente et hortante. Qui Herveus ubi idem locus merito rebus et numero servum Dei accrevit, se coetibus eorum associavit exemplo mirabili. Nam uxori, unico filio, mundoque et omnibus ejus abrenuntians, vir optimus unum servorum suorum ad hoc compulit, ut sibi domino suo laqueum ingula nodaret, et ita se tanquam latronem a domo sua usque ad locum Beati Sulpitii per duo milliaria pertraheret, cunctîs mirantibus, lacrymantibus et Deum in hoc laudentibus.
[45] Peu d'actes font mention du vocable de l'abbaye, ce qui est tout à fait habituel ; il y en a pourtant une dizaine au XIIe siècle. Le plus ancien est daté de 1135 (B.N., Coll. Champagne, t. 5, f° 93 et 94 ; ibidem, Coll. Moreau, t. 56. f° 166).
[46] Hubert COLLIN, op. cit., p. 121-128.
[47] Op. cit., p. 506.
[48] Gallia christiana, op. cit. t. XIII, col. 1320.
[49] Ibidem, col. 1 200.
[50] Edme BAUGIER, op. cit. p. 184. Cet ouvrage, le premier qui traitait de l'histoire de la Champagne, a eu beaucoup de succès. Il est aujourd'hui très décrié, souvent à juste titre, car son auteur n'a pas beaucoup de sens critique ; mais l'auteur a vu des monuments et a eu connaissance de documents disparus depuis. Il est donc souvent nécessaire de le consulter, bien qu'il faille vérifier, autant que faire se peut, toutes ses affirmations. Cette date de 1136 avait été admise par l'ouvrage édité par Marcel AUBERT et la marquise de MAILLÉ, L'Architecture cistercienne en France, 2 vol., Paris, 1947.
[51] Il arrive fréquemment aux auteurs anciens, même aux plus sérieux, d'affirmer une date pour un événement alors que la documentation dont ils disposaient ne permettait pas une telle précision et sans doute jugeaient-ils que l'addition d'une formule dubitative, telle que " aux environs de ", risquait de faire paraître leur ouvrage peu crédible. L'inconvénient de cette méthode, c'est qu'elle rend suspecte toute date précise lorsque nous n'avons pas les moyens de la vérifier.
[52] Analysées par Hubert Collin, op. cit.
[53] Gallia christiana, op. cit., t. XIII, Instrumenta col. 570, n° 24.
[54] Ibidem, t. IX, Instrumenta, col. 50, n° 51; Originaux (chirographes) : A.D. Marne, 22 H 12.
[55] Le texte de cette donation est partiellement conservé par une copie du XVIIe siècle (B.N., Coll. Champagne, t. 5, f° 85, n° 173). Les précisions sur les chandelles sont fournies par une déclaration sur les fiefs aliénés, faite au comte de Champagne, par Robert Ier, châtelain de Sommevesle, fils du donateur, entre 1249 et 1252 ; il plaçait cette donation à une trentaine d'années en arrière (A. LONGNON, Rôles des fiefs du comté de Champagne sous le règne de Thibaud le Chansonnier, Paris, 1877, n° 1 617).
[56] E. LANGLOIS, Les Registres de Nicolas 1V, Paris, 1905 n° 2 423.
[57] Certes E. Langlois publie non pas le texte en entier, mais un court résumé, mais il est peu probable qu'il ait omis de signaler un point aussi important qu'une mention de travaux.
[58] ibidem, n° 2 424 à 2 432.
[59] Cette fondation n'a pas laissé de traces dans ce que nous conservons des archives de La Chalade.
[60] A. LAPlERRE, " La guerre de Cent ans dans l'Argonne et le Rethélois ", Revue d'Ardenne et d'Argonne, 6e année (1898-1899) et 7e année (1899-1900).
[61] J.-M. CANIVEZ. Statuta capitulorum generalium ordinîs cisterciensis, t. 3, Louvain, 1935, p. 746.
[62] Chantilly, E 8.
[63] Ibidem.
[64] A.D. Meuse, 11 F 78, f° 2. il écrit en effet : Elle fut pillée et ravagée plusieurs fois en 1551, 52, etc. dans la guerre des princes, tant par leurs armées que par celle du roy. Elle était en très mauvais état, ses bâtiments tombaient en ruine, ce qui obligea les religieux de l'abandonner et de trouver un refuge à Vienne-le-Château. La " guerre des princes " est bien celle de la Fronde. Et, dans les pages suivantes, Dom Demeaux, qui développe le court résumé du folio 2, relate les pillages en leur donnant leurs dates précises dans le XVIIe siècle (f° 16).
[65] Renseignement fourni par Dom Demeaux ; ce qui permet d'être certains qu'elles n'ont pas été remplacées avant 1756. Il est très peu probable qu'elles l'aient été après cette date.
[66] A. ROSEROT, Titres de la maison de Rarécourt de La Vallée de Pimodan, Paris, 1906. p. 142.
[67] Le chroniqueur anonyme de 1654, qui est notre source principale en raison de la disparition des documents originaux, a mal compris les documents qu'il avait sous la main et commis des erreurs de chronologie. Le récit des événements que nous publions est donc en partie hypothétique, pour ce qui concerne Claude Lollier, Nicolas Thomas, Charles de Vaudémont et Charles Le Pougnant (B.N., Coll. Champagne, t. 5, f° 25).
[68] C'est du moins ce qu'assure le moine anonyme de La Chalade qui raconte ces événements (Ibidem).
[69] BERGER DE XIVREY, Recueil des lettres missives de Henri IV, t. 7, Paris, 1858, p. 215-216.
[70] Ici se termine le récit du chroniqueur de 1654 (Op. cit.).
[71] Ce sont des taxes levées par le clergé sur ses propres revenus ; la plus grande partie était versée au roi, sous le nom de " don gratuit ", qui était en réalité un impôt obligatoire ; le reste servait à payer les frais de recouvrement et ceux des institutions chargées de la répartition des décimes.
[72] Je n'ai trouvé aucune autre mention de ce " moine laïc ". On peut seulement proposer une hypothèse: il arrivait que le roi impose aux établissements religieux l'entretien d'un ou de plusieurs soldats mutilés à la guerre, et incapables de pourvoir à leur subsistance. Ce système compensait l'absence de pensions versées par l'État et l'inexistence d'institutions spécialisées dans l'accueil de ces malheureux.
[73] Voir, à ce propos, Claude BUIRETTE, Histoire de la ville de Sainte-Menehould et de ses environs, Sainte-Menehould, 1882, p. 219 et 220. Cet auteur ne donne pas la date de création de cette rente, mais cite deux arrêts du parlement de Paris condamnant l'abbaye de La Chalade à la payer (31juillet 1567 et 3 mai 1687), ce qu'elle fit jusqu'à la Révolution.
[74] Arrêts du Parlement des 5 août 1681, 19 juin 1682 et 16 février 1683.
[75] Son contenu nous a été conservé : A.D. Meuse, 17 H 5.
[76] Voir Annexe 1.
[77] Dom Demeaux, qui n'a pas vu que les bâtiments venaient d'être reconstruits, s'étonne de cet accord, qu'il juge contraire aux intérêts des moines, et reproche au prieur Joseph de Fesche sa faiblesse de caractère dans cette occasion.
[78] Dom Demeaux rapporte qu'il se retira ensuite à l'abbaye de Sept-Fontaines.
[79] Les renseignements concernant cette période sont extraits essentiellement de l'inventaire de Dom Demeaux (op. cit., p. 7 à 16) : quelques confirmations, compléments et précisions, proviennent du mémoire anonyme de 1654 (op. cit., f° 25 à 66 v°) et de quelques documents conservés aux Archives de la Meuse (17 H 3, 17 H 5; Q 815).
[80] J.-M. CANIVEZ, Statuta, op. cit., t. 6, p. 53.
[81] Gallia Christiana, op. cit., t. XIII, col. 1320. Voir aussi ci-dessous l'article de Jean-Luc COUSINAT.
[82] Voir Annexe1.
[83] Cette date est fournie par Dom Demeaux (op. cit.), qui indique aussi pour eux l'année 1735.
[84] Il faut remarquer que Dom Derneaux, qui connaît si bien l'histoire des démêlés entre les abbés et les moines, ignore la date exacte des bâtiments, construits 70 ans avant qu'il ne rédige son inventaire : il les date en effet de la fin du XVIIe siècle et du début du XVIIIe, probablement parce qu'il n'a pas lu les pièces d'archives se rapportant aux travaux, et qu'il ne sépare donc pas celles qui concernent les bâtiments conventuels (entre 1679 et 1692) et celles qui se rapportent à la reconstruction du logis abbatial (1706 et 1707).
[85] A.D. Meuse, 11 F78, p. 6. L'érection eut lieu le 9 octobre 1641. L'acte en est conservé dans les registres paroissiaux, cités par N. Robinet. op. cit.. p. 735.
[86] Dom DEMEAUX, op,. cit., p. 16.
[87] M. LEMOINE, Département de la Meuse, Verdun, 1909. p. 825.
[88] B.N., Coll. Champagne, t. 5, f° 35. Voir Annexe J.
[89] Cette étendue est confirmée par la description faite en 1670, par Dom Claude Lemaistre (voir Annexe 1).
[90] Hubert COLLIN, op., cit., p. 129.
[91] Voir Annexe I. Un des autels de ce temps subsiste (en pièces détachées depuis au moins 1905) : cf. note 101.
[92] Voir Annexe I.
[93] Il y en avait cinq en 1654 (cf. Annexe I).
[94] A.D. Meuse, 11 F 78, p. 6. Un pèlerinage à ce saint est encore signalé en 1888, par N. Robinet (op. cit., p. 735).
[95] L'inventaire de 1905 cite, en plus du maître-autel, ceux de la Sainte-Vierge, de Saint-Nicolas et de Saint-Joseph (A.D. Meuse, 56 V 20). Il n'y avait en effet que trois autels dans les chapelles : l'emplacement de la chapelle la plus au sud était fermé et transformé en sacristie, comme le signalait déjà la visite diocésaine faite par le vicaire général Didiot, le 30 septembre 1851 (Ibidem, 49 V 6. p. 338-339). Cet aménagement dura jusque vers 1980.
[96] A.D. Meuse, 11 F 78, p. 14.
[97] A.D. Meuse, Q 815.
[98] Ibidem.
[99] A.D. Meuse, Q 1533, f° 177.
[100] A.D. Meuse, 20 630, 27 V 4. Voir Annexe 1.
[101] E. de BARTHÉLEMY (op. cit., p. 591) en vit un dans " la chapelle de droite ". L'inventaire de 1905 signale " boiseries d'autel détachées en bois sculpté, comprenant retable et tabernacle " (A.D. Meuse, 56 V 20). Il subsiste, en 1992, des éléments de cet autel, sculpté vers 1686 ; cf. note 91.
[102] A.D. Meuse, Q 815.
[103] N. ROBINET, op. cit., t. 1, p. 735.
[104] A.D. Meuse, L 746, n° 5 ; copie par André Lesort: A.D. Meuse, 16 G 269. N. Robinet place ce refus en 1729 (op. cit., t. 1, p. 734, n° 2).
[105] L'abbé N. Robinet écrit que les habitants de La Chalade ne furent jamais que les serfs du monastère (op. cit. p. 734, note 3). Mais, d'après la suite de sa remarque, on peut se demander si il ne confond pas servage et payement d'une censive. La censive était la reconnaissance d'un droit de propriété (l'abbaye possédait toute la commune) et non une marque de dépendance personnelle.

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